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Plus de voiles dehors, Maloya est-il échoué dans la mangrove guyanaise ? Notre rêve de voyage oublié, absorbé par le quotidien ? Qu’avons nous fait depuis la traversée de l’Atlantique en mai 2004 ?
C’est vrai, nous n’avons pas été très bavards ces derniers temps. Notre escale de deux ans et demi en Guyane avait pour principal objectif de travailler et d’économiser pour repartir, et bien sûr en profiter pour découvrir cet enfer vert et rencontrer d’autres français. En quelques mots, continuer à voyager tout en restant sur place.
Annabel, kinésithérapeute de formation était embauchée à l’hôpital de Cayenne, principalement aux services de néonatalogie et de pédiatrie, et en appoint en temps que médiatrice sociale et culturelle au centre de rétention, centre où transitent les clandestins (et ils sont nombreux en Guyane) avant d’être raccompagnés dans leur pays d’origine. Activité intéressante, riche en contacts humains mais qui réveille de nombreuses questions sur l’immigration. Hervé, après avoir été poseur de cuisines et responsable d’une petite menuiserie, a été prof de math et de physique. Puis, pour finir, technicien en installations solaires. Il ne faut pas oublier les nombreux bricolages et améliorations à bord de Maloya.
Vous l’avez compris, pour peu d’avoir un minimum de compétences et l’envie de travailler, le boulot ne manque pas ici, ni en quantité, ni en diversité. Je ne vous cache pas qu’il faut tout de même s’adapter à la logistique et au rythme de la Guyane. Un des gros freins à l’émancipation de ce département est le manque d’anticipation, de plan directeur, de gestion de l’urbanisation, de vision politique à moyen et long terme. Ici, on vit au quotidien et on se satisfait de ce que l’on a. Le travail est ainsi, rien n’est acquis, et ne surtout pas songer à vendre la peau du jaguar avant de l’avoir vu !
Cette vie au quotidien, nonchalante, donne à la Guyane un coté paisible. On se dit bonjour entre voisins, on respire. On est loin du rythme du métro parisien, de la société de consommation sur-médiatisée et de la réussite professionnelle à tout prix. Chaque médaille a son revers…
La Guyane est un pays jeune, en pleine mutation et doit se préparer à relever de grands défis. Citons par exemple l’orpaillage clandestin qui, non seulement fait s’envoler les richesses du sous-sol guyanais mais aussi amène la déforestation et la destruction des sols, la pollution au mercure, cyanures et aux hydrocarbures, une insécurité en forêt et sur la bande littorale, et une immigration clandestine venant du Brésil et du Surinam.
La Guyane doit faire face à une démographie galopante, à une immigration légale et illégale, loin de ce que l’on peut imaginer en métropole. Ce département comporte des nombreuses communautés et aucune n’est vraiment prédominante. Quelle sera la place et le rôle de chacune demain ?
La Guyane est le port spatial de l’Europe. Proche de l’équateur, ayant des fenêtres de tir au-dessus de l’océan, restant une région peu peuplée, sa position géographique est idéale pour lancer des satellites géostationnaires ou en orbite basse. Aujourd’hui, Ariane 5 est un succès et bientôt Kourou accueillera un petit lanceur italien et les russes avec Soyouz.
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